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Géopolitique

Le Liban : la course intrépide pour la survie de la démocratie

Enjeux et périls pesants

Le dossier le plus épineux est la consolidation de l'application de la résolution 1701, qui a permis de fermer le front entre le Liban et Israël. Le déploiement des forces multinationales (la Finul) et de l'armée libanaise a provoqué un changement stratégique, ce qui a sonné la fin du rôle sud-libanais dans la guerre de procuration entre les Israéliens, d'une part, et les Syriens et les Iraniens, d'autre part. De ce fait, même la résistance chiite menée par le Hezbollah a perdu beaucoup de sa raison d'être. Cette nouvelle donne a abouti à deux résultats tangibles : d'abord et avant tout, elle a donné du sérieux aux négociations entre Israël et la Syrie, négociations dont la Turquie est la médiatrice; ensuite, le Hezbollah se voit dorénavant contraint de justifier le fait qu'il possède des armes, qui sont fournies par l'Iran et acheminées via la Syrie. Le droit de l'État central de défendre seul sa souveraineté territoriale serait le prérequis de la survie de la convivialité entre les confessions religieuses. Il est impensable qu'une d'entre elles — dans ce cas, les Chiites — soit armée, même au nom de la guerre contre Israël, sans que l'autre ne soit tentée de l'imiter. Ce qui serait sans doute un prélude au retour de la guerre civile.

Le deuxième dossier de taille est celui du dialogue interlibanais. Le nouveau président de la République sent l'urgence d'insuffler une vie nouvelle dans les accords de Taëf partiellement supendus pendant la tutelle syrienne. Cela laisse pressentir des changements majeurs. Le Hezbollah est le symbole de l'ambition de la communauté chiite, dont la démographie connaît une hausse perceptible. Glorifié pour ses succès contre Israël, le Hezbollah exerce des pressions pour avoir un plus grand pouvoir exécutif. De leur côté, les chrétiens sont hantés par un désenchantement tenace lié à leur recul démographique et à l'affaiblissement de leur poids décisionnel. Quant aux Sunnites, ils se sentent humiliés et impuissants : ils sont aux prises avec des obstacles de taille qui entravent les interminables enquêtes sur l'assassinat de Hariri et avec des combats provoqués dans leurs propres fiefs.

L'avenir reste à dessiner

À la suite de la libération du territoire et de la formation du gouvernement d'unité nationale, les Libanais s'attendaient à des élections libres, affranchies de l'intimidation par des armes illégales. Cela est peu probable. Sauver l'unicité de l'État en permettant une décentralisation élargie serait un antidote à la partition ou à l'effritement. S'entendre sur une neutralité positive permettrait de conserver les liens entre le Liban et sa profondeur arabe, tout en lui épargnant les déboires des rivalités interarabes et intermusulmanes. Mais plus que tout, cette entente lui éviterait de devenir un État en faillite.